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Il fait partie du groupe des martyrs des Carmes de 1792 béatifiés par Pie XI le 17 octobre 1926.
On estime à plus d'un millier les victimes des massacres de septembre 1792 à Paris, au moment de la terreur dévastatrice de la Révolution. Parmi ceux-ci, l'Église a retenu les noms de trois évêques, cent quatre-vingts prêtres, deux diacres, un clerc et quatre laïcs dont elle a reconnu qu'ils étaient morts en raison de leur fidélité au Siège apostolique. Un religieux originaire d'Embrun se trouve parmi ces victimes: Jean-Antoine Savine, le supérieur des clercs de Saint-Sulpice à Paris, communauté nouvellement fondée en vue du discernement des vocations sacerdotales.
Jean-Antoine Savine est né le 26 juin 1760 dans une vieille famille d'Embrun, connue depuis le XIe siècle. Après des études au collège et au séminaire d'Embrun, Jean-Antoine Savine reçoit à Paris la formation cléricale des Messieurs de Saint-Sulpice et devient le supérieur de la Communauté des clercs de Saint-Sulpice.
Ne voulant pas rompre avec l'Église de Rome, Jean-Antoine Savine, comme un très grand nombre de prêtres, refuse de prêter serment de fidélité à la Constitution civile du clergé. Deux vagues d'arrestation et d'incarcération brutale au couvent des Carmes et à l'abbaye Saint- Germain ont lieu en août. Une cinquantaine de prêtres, dont Jean-Antoine Savine avec deux confrères de Saint-Sulpice, et plusieurs évêques (Mgr du Lau, archevêque d'Arles, et les deux La Rochefoucauld, évêques de Beauvais et de Saintes) sont incarcérés le 11 août au couvent des Carmes. Sans illusion sur leur sort, ils se préparent à la mort.
Le 2 septembre, le massacre commence à l'abbaye Saint-Germain, puis se poursuit au couvent des Carmes. Les prêtres se donnent l'absolution les uns aux autres. À chacun est posée la question du pseudo tribunal : « As-tu prêté le serment ? » Pas un ne veut sauver sa vie par un mensonge. Un témoin rapporte, au lendemain du drame : « Je ne comprends pas, ils avaient l'air heureux ; ils allaient à la mort comme à des noces. »
Une plaque est apposée sur la maison natale de Jean-Antoine Savine à Embrun, où l'on peut lire : « En cette maison naquit le 20 juin 1760 Jean-Antoine Savine, supérieur des clercs de Saint-Sulpice, mort victime du massacre des Carmes, le 2 septembre 1792, béatifié par Sa Sainteté Pie XI le 17 octobre 1926. » Jean-Antoine Savine a accompli en plénitude le blason de ses ancêtres : « J'irai sonner jusque dans les cieux ». Ses restes reposent dans la crypte de l'église des Carmes, devenue la chapelle de l'Institut catholique de Paris.
(Sanctoral du diocèse de Gap et d'Embrun, page 62)